• Ca fait du bien.

    Mes maux etaient bien enfermes en moi.
    J'ouvre ma boite, et je vous les laisse.
    Egoistement, je partage ce mal pour qu'il me quitte enfin.
    Je vis avec depuis longtemps, mais du simple fait de deplacer mes vieux demons, je me sens plus legere.
    Qu'ils restent ici, je n'en veux plus, ils sont trop lourds.







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  • Mon frère était un garçon terrible. Notre cas n'était pas suffisemment grave, que lui empirait le sien.
    Quelle idée voler de l'argent à notre mère. Pas pour le principe, tous les gosses le font!
    Mais nous savons que si nous nous éloignons de cette ligne de conduite, nous allons prendre.

    Elle s'en rend compte. Quelle con ! Il a vollé carrément un billet de 50 francs, c'est de l'inconscience, c'est jouer avec sa vie. Il aurait été au bird d'un ravin en équilibre sur un pied que sa situation n'aurait pas été plus dangereuse !

    Il est le petit garçon, mais il a vraiment déconné.

    Elle arrive, elle est en colère, la vitesse du son... nous savons déjà que la bête est furieuse !

    Le tison. Elle a pris le tison ! Elle va le tuer cette fois !
    Comment allait elle s'en servir ? L'empaller, le frapper à la tête, lui briser les tibias ?

    La terreur s'empare de nous, chaque fois.

    L'epaule. Ouf (oui ouf, car elle aurait pu faire pire).
    Les bras. Il est solide, il va résister.
    Mais cette vision me rend dingue.
    Je ne peux pas garder le silence et observer sans ne rien faire ?!

    Elle continue. Ironie de la situation : le tison a cédé avant le garçon !!
    Presque risible ! Le bourreau a abimé son arme !

    Solution de secours : le martinet. Mais pas les lanières : le manche, c'est bien plus drôle ainsi !

    J'interviens : "non, maman, arrête !"

    Scotchée ! La bête est scotchée ! Elle a entendu un bruit !
    Elle se retourne, et par la meme, retourne le sens de son arme. Malgré tout, je suis une petite fille, un manche de bois pourrait me tuer !

    Et vlan, j'ai droit à la rafale. Je sens les lanières de cuir sur mes jambes, elle me chauffent, elles me donnent l'impression d'une multitude d'aiguilles qui viennent se planter dans ma chair.

    Le regard de mon frère, compréhensif, et l'air de dire pourquoi tu as parlé, j'assurais...

    Pourquoi j'ai parlé ? Oui, c'est vrai, il a raison, désormais, je me taierai !




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  • Comme je l'ai brièvement expliqué dans ma rebellion, entendre hurler est terrible.
    Chaque jour, portes fermées, je l'entendais hurler.
    Mon prénom, j'aime aujourd'hui lorsqu'il est prononcé avec douceur.

    Le matin, dès le réveil, le moindre bruit réveillait la bête, entrainant les sirènes d'alerte...

    Signal d'alerte, parce que les cris précédaient les coups. Ne pas insister.
    Ne pas souffler, ne pas être insolent, ne montrer aucun signe d'agacement, au risque de prendre la "rouste".

    Deux minutes de retard en revenant de l'école... des cris.
    Une miette à côté de l'assiette... des cris.
    Le ménage qui ne va pas assez vite.. des cris.
    Le réveil du week-end : "DEBOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT".
    Insupportables ces cris.
    Je les entends toujours.
    Chaque matin est difficile, car le bruit du réveil me rend dingue, j'ai l'impression d'entendre ma mère hurler mon nom...


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  • Jamais l'un d'entre nous n'avais tenté, ni même osé renverser la tendance.
    Pourquoi la victime ne deviendrait-elle pas pour une fois le bourreau ?
    Comment endurer tant d'années les coups, les humiliations, les insultes, les tortures, sans jamais oser se rebeller ?
    Je ne comprends pas ma soeur, ni mon frère.
    Notre mère n'est pas championne de karaté.
    C'est une femme petite, très grosse mais petite et sans réelle force. Son obésité lui empêcherait tout mouvement puissant et continu. Cela dit bref et puissant, elle savait faire, mais pour ça il lui fallait des instruments : balai, tison, fourchettes, assiettes, bref, tout ce qui pouvait faire mal avec peu d'elan.

    C'était sa seule activité : passer ses nerfs sur nous.
    Le reste du temps, c'était télé, boisson (alcoolisée), grasse mat jusqu'au déjeuner, et tout ça en boucle. Pas de ménage, trop fatigant, pas de travail, un homme qui gagne bien sa vie n'a pas besoin d'une femme active à ses côtés..
    Bref, un meuble imbibé d'alcool un peu bancal qui risque de faire très mal s'il bouge...

    Ce jour là . Une fois de plus, elle m'interpelle avec sa légendaire amabilité. Elle hurle, tout le temps, elle hurle, c'est insupportable d'entendre son prénom hurlé !
    Je m'entends alors hurler qu'il faut nourrir son espèce de gros chien degueulasse.

    Je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour là , ni d'où m'est venu ce courage.

    UNE VRAIE REBELLION !

    Je me suis avancée tête haute vers elle, la regardant droit dans les yeux, historique !

    Je lui ai dit : "et toi, tu fais quoi pendant ce temps ? Rien comme d'habitude, je ne suis pas ton chien!".

    Pas le temps de ponctuer ma phrase que j'ai senti un feu violent au visage. Elle n'aurait pas du. Elle m'a transmis sa rage.

    Je l'ai poussée dans le coin de la cuisine, j'ai réalisé, que cette femme, dont les coups faisaient si mal, n'était finalement qu'une faible femme. Plus de puissance dans la voix que dans ses gestes.
    Je l'ai maintenue dans ce coin, et je l'ai poussée fort, au point que j'avais l'impression d'être un rouleau compresseur.
    Mes mains n'étaient plus maitrisables, je ne sais plus si je giflais, si je pinçais ou si je cognais.
    Je me souviens l'avoir mordue au bras, puisque j'étais son chien, autant se défendre comme un chien !

    Tu as payé cette fois, une infime partie de ce que je te dois !

    Mais désormais, tu sais, que tu n'as plus le pouvoir.
    Tu as toujours ton ascendant, mais ta citadelle est en ruine, ton mythe s'est effondré en quelques minutes.
    J'ai presque 15 ans, pourquoi ai-je attendu si longtemps, pourquoi ne pas l'avoir fait avant pour épargner mes frère et soeurs ?
    Trop jeune.
    Pourquoi ne pas leur avoir transmis ce courage ?
    Trop jeune.
    Je suis la dernière, et je n'aurai certainement pas le même sort que mes prédecesseurs !
    C'est fait, tes chaines sont devenues de vieilles cordes usées qui n'attendent que le temps pour faire son oeuvre : tout séparer.



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  • Ma mère n'a pas toujours été ce qu'elle est aujourd'hui.
    Du moins, je ne la percevais pas comme cette vieille bonne femme aigrie et détestable.
    Je suis la dernière née.
    Toute petite, j'avoue que j'ai été choyée.
    J'étais le bijou de la famille, la fierté de mes parents, la première de la classe, la petite fille modèle...(jusqu'a l'exil en province, j'y reviendrai)
    Mon bon souvenir : mes bulletins.
    J'en étais fière, très fière.
    Je rapportais chaque trimestre le bulletin où figurait mon rang : 1ère !
    Cela me valait à l'époque un gros billet de 50 francs de la part de mes parents, et autant de la part de ma grand-mère. A l'occasion j'avais même un cadeau en plus, une poupée, une robe...
    La contrepartie : la jalousie de mes frères et soeurs.


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