• Le jour ou¹ son edifice s'est effondre




    Jamais l'un d'entre nous n'avais tenté, ni même osé renverser la tendance.
    Pourquoi la victime ne deviendrait-elle pas pour une fois le bourreau ?
    Comment endurer tant d'années les coups, les humiliations, les insultes, les tortures, sans jamais oser se rebeller ?
    Je ne comprends pas ma soeur, ni mon frère.
    Notre mère n'est pas championne de karaté.
    C'est une femme petite, très grosse mais petite et sans réelle force. Son obésité lui empêcherait tout mouvement puissant et continu. Cela dit bref et puissant, elle savait faire, mais pour ça il lui fallait des instruments : balai, tison, fourchettes, assiettes, bref, tout ce qui pouvait faire mal avec peu d'elan.

    C'était sa seule activité : passer ses nerfs sur nous.
    Le reste du temps, c'était télé, boisson (alcoolisée), grasse mat jusqu'au déjeuner, et tout ça en boucle. Pas de ménage, trop fatigant, pas de travail, un homme qui gagne bien sa vie n'a pas besoin d'une femme active à ses côtés..
    Bref, un meuble imbibé d'alcool un peu bancal qui risque de faire très mal s'il bouge...

    Ce jour là . Une fois de plus, elle m'interpelle avec sa légendaire amabilité. Elle hurle, tout le temps, elle hurle, c'est insupportable d'entendre son prénom hurlé !
    Je m'entends alors hurler qu'il faut nourrir son espèce de gros chien degueulasse.

    Je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour là , ni d'où m'est venu ce courage.

    UNE VRAIE REBELLION !

    Je me suis avancée tête haute vers elle, la regardant droit dans les yeux, historique !

    Je lui ai dit : "et toi, tu fais quoi pendant ce temps ? Rien comme d'habitude, je ne suis pas ton chien!".

    Pas le temps de ponctuer ma phrase que j'ai senti un feu violent au visage. Elle n'aurait pas du. Elle m'a transmis sa rage.

    Je l'ai poussée dans le coin de la cuisine, j'ai réalisé, que cette femme, dont les coups faisaient si mal, n'était finalement qu'une faible femme. Plus de puissance dans la voix que dans ses gestes.
    Je l'ai maintenue dans ce coin, et je l'ai poussée fort, au point que j'avais l'impression d'être un rouleau compresseur.
    Mes mains n'étaient plus maitrisables, je ne sais plus si je giflais, si je pinçais ou si je cognais.
    Je me souviens l'avoir mordue au bras, puisque j'étais son chien, autant se défendre comme un chien !

    Tu as payé cette fois, une infime partie de ce que je te dois !

    Mais désormais, tu sais, que tu n'as plus le pouvoir.
    Tu as toujours ton ascendant, mais ta citadelle est en ruine, ton mythe s'est effondré en quelques minutes.
    J'ai presque 15 ans, pourquoi ai-je attendu si longtemps, pourquoi ne pas l'avoir fait avant pour épargner mes frère et soeurs ?
    Trop jeune.
    Pourquoi ne pas leur avoir transmis ce courage ?
    Trop jeune.
    Je suis la dernière, et je n'aurai certainement pas le même sort que mes prédecesseurs !
    C'est fait, tes chaines sont devenues de vieilles cordes usées qui n'attendent que le temps pour faire son oeuvre : tout séparer.



  • Commentaires

    1
    Lundi 17 Avril 2006 à 19:38
    je suis atterée
    pour toi je savais pas ou on ne veux pas croire que ca puisse encore exister à notre époque, j'espère de tout coeur que tu va pouvoir t'en sortir puis que ce blog t'aide à exterioriser tes démons , bon courage fleurette et un ptit bisous perlés ;)
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