• Oisiveté

    Voilà un texte que je vais ajouter en attendant d'avoir le temps de vous inonder avec les tableaux suivants.

    J'étais chez moi il y a environ deux semaines. Repas terminé, pas une poussière sur le sol, rien à faire. Je me sentais épuisée, et il fallait pourtant que je trouve quelque chose à faire ! Je suis de ces personnes toujours en mouvement, soit pour évacuer le stress, soit pour ne pas permettre à mon esprit d'aller là où je ne souhaite pas qu'il aille : dans des pensées négatives.
    Bref, je suis inactive. Et cette idée de non productivité me rend, personnellement, furieuse. Je ne supporte pas de ne rien faire. Pourtant je dois me reposer, mon organisme le réclame.

    Et là, je capitule. Je m'abandonne doucement à cette immobilité, toute semblable à celle de mon divan..

    Effet prévisible : le glissade vers les enfers. Mais celle ci a de particulier qu'elle m'a permis de comprendre un peu mieux ce besoin quasi inepuisable d'etre en mouvement.

    L'image : ma mère. Elle est assise sur ce fauteuil. C'est un fauteuil de bureau qu'elle a adopté pour le salon. Celui là est trèès large, et lui permet d'imposer toute sa largeur sur une base agreablement capitonnée. Un siege ordinaire n'aurait plus été visible tant ses fesses et ses cuisses auraient recouvert les bords de ses excès adipeux, par conséquent bien moins confortable pour ne rien faire..

    Elle est donc là, sur cet horrible fauteuil, recouvert d'une housse couleur moutarde. Je ne parviens pas à me souvenir s'il s'agit de sa couleur d'origine, ou si cette teinte provient de la crasse qui s'est déposée dessus durant toutes ces années.
    Toujours présente, au même endroit. Un peu comme les bureaux de la poste : de 10h à 18h. Elle ne bouge pas. Enfin, si elle se deplace parfois pour aller satisfaire un besoin naturel.
    Elle ne quitte pas sa télévision, ni son telephone. ET ENCORE MOINS SA BIERE.
    La scene recurrente à mon retour du lycee : ma mère, atablée, telephone dans une mains biere dans l'autre et cigarette dans le cendrier, tele allumée.
    Je l'ai quittée dans la meme position ce midi. N'aurait-elle pas bougé ?
    Elle ne fait rien. Cette affirmation est simple à démontrer : pas d'emploi, malgré cela les vitres sont sales, des amas de poils gisent sur le carrelage maculé de traces de boues déposées par le chien. Sans parler de la nappe en toile cirée qui recouvre la table. Elle est dégueulasse. Je ne comprends pas, pourtant, je fais tout ça chaque samedi. Je nettoie tout chaque samedi, pour me permettre ainsi qu'a mon père de bénéficier d'un environnement plus sain. C'est illusoire. Laissez lui votre maison, vous ne la reconnaitrez plus.
    La grande question c'est : a t-elle au moins pris la peine de se laver ? Si on en croit l'odeur qu'elle porte sur elle, à l'instar de ses vêtement tâchés, j'avoue qu'on peut éprouver quelques doutes quant à son hygiène...
    Méchanceté, saleté, vice... Maman, comment veux tu que je t'aime ?

    Hum hum, je m'égare.
    Cette image m'est donc revenue. Image de cette mère oisive. J'ai soudain réalisé à quel point j'attachais de l'importance à faire quelque chose. Je n'accepte pas de rien faire, au risque de m'identifier à cette mère immobile et inculte.

    Aujourd'hui, je vais devoir apprendre à me poser sans culpabiliser.
    La difficulté est d'apprendre à faire les choses indépendemment de ce que peut faire ma mère.
    Je dois intégrer que je suis un individu à part entière et que je me définis aujourd'hui par la personne que je suis et non par les personnes qui m'ont faite. Je ne veux absolument qu'on fasse le moindre rapprochement avec cette femme pour me qualifier.
    Jusqu'a maintenant, je faisais tout pour ne pas lui ressembler, hyperactivité, périodes d'anorexie, voire abstinence sexuelle.

    Un pas de plus. Discerner ce que je rejète le plus, trouver son origine, et tenter d'y remédier.

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