• Je me fais vomir et je prends des laxatifs. Ma boulimie pour ne jamais avoir à lui ressembler : elle est tellement grosse.

    Je me désinteresse du monde entier : elle s'occupe tellement de la vie des autres.

    Je ne bois jamais d'alcool : elle bois sans cesse.

    Je ne regarde jamais la télé posée dans mon canapé, il faut toujours que je trouve quelque chose pour m'occuper : elle est oisive et inactive.

    Je ne supporte pas la crasse chez moi : elle est tellement sale et négligeante.

    Je revendique mon autonomie et mon indépendance : elle n'a jamais travaillé et vis aux crochets de son mari.

    Je ne veux pas d'enfant : pour ne jamais reproduire ce qu'elle a fait.

    Je ne suis pas matérialiste : elle a fait son caprice pour l'avoir sa maison, elle l'a eue.

    Je me ruine en parfum et me frotte fort : elle sent tellement mauvais et elle est tellement crade.

    Je ne me soucie pas de ma santé et fais preuve de désinvolture même : son hypochondrie m'exaspère.

    Je ne supporte pas la présence de gens popu : c'est son monde et celui de son amant.

    Je m'accroche pour réussir dans ma vie professionnelle : pour l'élever au dessus d'elle et de mon père.

    Je fréquente un homme intelligent, brillant,qui a réussi mais que je n'aime pas : pour me prouver que quelqu'un de cet acabit peut m'apprécier.

    Tout cela, maintenant j'en connais l'origine. J'ai sans doute oublié certains autres comportement en réaction à mon passé, mais l'essentiel est là.

    Voilà ce que je suis aujourd'hui par sa faute, par leur faute : une espèce de boulimique solitaire pitoyable, mysanthrope, associale, inapte à l'amour frôlant l'hyperactivité. Merci maman, merci papa.


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  • J'ai pris le métro hier soir, ligne 6. Aérienne, elle permet de voir le "paysage".
    Elle permet surtout d'avoir pleine vue sur le bureau de mon père.
    J'ai observé le bâtiment couleur brique. J'ai visualisé les fois où je suis venue ici pour voir mon père à l'occasion, ou pour déjeuner avec lui.
    Rien. J'ai réalisé que cette fois, tout était réellement terminé.
    J'ai réalisé que j'ai eu une pensée pour cet homme, ni émue, ni enragée. Un pensée malgré moi, qui se rapproche plus de l'indifférence. Je ne parviens plus aujourd'hui à éprouver de l'aigreur, de l'amertume.
    Tout ce qu'il me reste c'est une sorte de désillusion.
    Je suis presque lavée de toutes ces années. Certaines tâches restent, incrustées, mais je suis propre.

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  • Ca me rattrape, toujours, quand je m'y attends le moins.

    Alors que j'ai fait le grand ménage dans ma vie, je suis à un moment ou à un autre, confrontée au même problème.

    Voici le contexte. Je vois régulièrement, non fréquemment, un homme. Au début, j'ai vaguement expliqué qui j'étais sans rentrer dans les détails et en dédramatisant la situation. Une chance, il ne s'est jamais vraiment intéressé à moi donc le problème concernant mon passé n'en était pas vraiment un. Un relation longue, certes, mais sans réel intérêt vraissemblavblement, donc les questions ne fusent pas, et je n'ai pas besoin de lui présenter ma famille vu le contexte précaire de notre liaison..

    Le problème aujourd'hui, à la veille de mes 28 ans, c'est que je sais que je ne pourrai pas éternellement fuir le problème. Je ne pourrai pas cacher éternellement les raisons de mon comportement.

    J'ai rencontré un homme. Rien de concret. Mais son intérêt pour moi me fait peur. Il commence à me demander pourquoi je me comporte comme une prison, barricadée, cernée de verrous. Que lui répondre? Pour le moment, je parviens à eluder la question. Mais son intérêt m'effraie tellement que j'ai fait marche arrière. Je refuse totalement d'être jugée sur ce passé. Je suis quelqu'un d'autre, je suis seule, je me suis faite seule. Pourquoi les gens veulent toujours connaitre vos origines ? Pour l'instant, j'ai prétendu que je n'avais plus mes parents. Ce n'est pas un mensonge, je n'ai pas dit qu'ils étaient morts... Et effectivement, mes parents ne font plus partie de ma vie.

    Je reviendrai ces prochains jours, cette esplanade de confidences sans oreilles m'apaisera.


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